- J’ai créé Théâtre Orage en 1994 après trois ans de vie dans le Boischaut-sud et après avoir compris que cette région était un vrai désert culturel. Moi, la Parisienne qui passait de nombreuses soirées dans les salles de spectacle, qui fréquentait des “théâtreux” comme moi, j’ai découvert une autre vie. Une vie où il fallait faire 30 kilomètres au minimum quand ce n’était pas 60 kilomètres pour trouver une salle de spectacle. Une vie où une place de théâtre à 30 euros n’était pas intégrable dans un budget plus que réduit. Une vie où même le cinéma restait salle inconnue. Et ça, je ne l’ai pas supporté. Théâtre Orage est né de cette colère. Jouer dans les salles de villages, jouer des spectacles qui parlaient au milieu rural et du milieu rural  comme la rencontre entre les ruraux, vingtième génération et les néo-ruraux  avec “Terre Promise” ou qui parlaient de l’évolution des mentalités, de la place de la femme avec “M.A.R.I.A.G.E” et proposer des ateliers de pratique théâtrale aux enfants et aux adultes ainsi que des mises en scènes avec un village entier comme à Vesdun pendant cinq années avec la difficile mais merveilleuse expérience du “Livre Vivant”. Il a fallu du temps : entrer dans les écoles, emmener des groupes au théâtre, dont un atelier qui existe encore en 2020, discuter avec la Maison de la Culture de Bourges des tarifs abordables aux plus petits salaires de la région. Seize années, cela a duré seize années d’expérience en milieu rural, avant que d’autres compagnies se lancent elles aussi dans l’aventure.
 

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- Théâtre Orage déménage en 2010 et continue son chemin à la rencontre de publics différents. À Paris aussi, finalement, beaucoup de gens restent aux portes des lieux culturels. Triste constatation. La compagnie est située maintenant dans le XVIIIème arrondissement de Paris et je garde la même envie de parler aux Parisiens de sujets qui font partie de leur quotidien. Théâtre Orage entame sa vie parisienne par une création "Le musée des fous" que j’écris et dont je fais la mise en scène en 2011, en pleine période de stigmatisation des malades psychiatriques.  Je garde, chevillé au corps, la volonté que la compagnie reste sur place une structure associative de création et d’échanges sur le monde contemporain et qu’elle permette aux participants aux ateliers de théâtre et écriture d’exprimer leurs ressentis sur ce monde. La compagnie continue son travail de création en abordant toujours des thèmes liés à la place de personnes stigmatisées, marginalisées dans la société. Après "Le musée des fous" en 2011,  je crée un spectacle sur les mots des adolescents “dits issus des deuxième et troisième générations” dans "Je vous demande la route" en 2013. Parallèlement, je continue de créer des spectacles avec sur scène des comédiens professionnels et des comédiens usagers des soins en psychiatrie avec "BriBes de familles" en 2018 et  "Comptes de faits" en 2020.